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le robinson suisse.

moi. — Tout cela n’a existé que dans l’imagination de l’auteur, qui a su dire d’utiles vérités en les couvrant du voile de l’allégorie. Mais sais-tu ce que c’est que l’allégorie ?

jack. — C’est quelque chose comme une parabole.

moi. — À peu près.

jack. — Et les pygmées dont vous parliez existent-ils en réalité ?

moi. — Pas plus que les Lilliputiens. C’est encore une invention, ou peut-être le résultat d’une erreur des anciens navigateurs, qui auront pris des singes pour de tout petits hommes.

fritz. — Il me semble que nos personnages du rivage ont des becs et des ailes fort courtes ; quels singuliers oiseaux !

moi. — Je les reconnais, maintenant. Ce sont des manchots, oiseaux fort bons nageurs, mais incapables de voler et très-lents à marcher sur terre. »

Nous touchions à peine au rivage, que Jack se précipita sur les manchots, dont il renversa une demi-douzaine à coups de bâton, tandis que les autres plongèrent dans la mer et disparurent.

Fritz fut très-fâché d’être privé ainsi du plaisir de tirer dessus ; je le calmai en lui disant qu’il n’était vraiment pas nécessaire d’employer sa poudre et son plomb contre des oiseaux qui se laissent prendre à la main, sans résistance. Les manchots, qui n’avaient été qu’étourdis, se relevèrent et commencèrent à marcher en se balançant avec une plaisante gravité ; ne voulant pas que la chasse de Jack fût perdue, je les saisis par le cou, et leur attachai les pattes avec des roseaux très-minces. Nous les posâmes sur le rivage pour procéder à notre débarquement ; mais, comme déjà il faisait nuit, nous dûmes nous contenter de remplir une brouette pour ne pas revenir sans rien au logis. Nos chiens vigilants aboyèrent à notre approche ; puis, dès qu’ils nous eurent reconnus, ils vinrent au-devant de nous et nous accueillirent avec mille démonstrations de joie et même avec