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le robinson suisse.


« Je veux, moi aussi, te faire une surprise à laquelle tu ne l’attends guère. »

Elle me mena dans un massif d’arbres, où je vis un petit tonneau à moitié enfoncé en terre et couvert de grandes branches et de rameaux verts. Elle en tira la cannelle et remplit une noix de coco d’un liquide que je reconnus, avec étonnement, pour un excellent vin de Canarie.

« Où donc as-tu trouvé cela, ma chère amie ? lui dis-je.

— Au bord de la mer, me répondit-elle ; et les enfants l’ont transporté ici sur le traîneau. Ernest a fabriqué une cannelle avec une branche de roseau. »

j’appelai mes enfants et leur fis boire à chacun un peu de ce vin, qu’ils déclarèrent excellent ; ils m’en redemandèrent avec avidité ; craignant qu’il ne les enivrât, je les écartai promptement du tonneau.

Quand nos matelas eurent été montés dans l’arbre à l’aide d’une poulie, nous nous mîmes à table. La prière dite, chacun alla se coucher.



CHAPITRE IX

Nous achevons de transporter à notre demeure ce que la marée avait jeté sur la côte. — Nouveau voyage au navire. — La pinasse démontée. — Chargement de différentes choses : brouette, chaudron, tonneau de poudre, etc. — Les manchots. — Plantation de maïs, de courges, de melons, etc. — Le pressoir. — La boulangerie. — Détails sur la fabrication du pain de manioc. — Les plantes vénéneuses.


Sans rien dire à ma famille, je me levai avant le jour, et descendis doucement par notre échelle. Les deux chiens, voyant que j’allais me mettre en route, faisaient autour de moi des sauts de joie ; le coq et les poules saluaient le retour du jour en chantant et en battant de l’aile ; tandis que l’âne,