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le robinson suisse.

en manger avec avidité ; mais, par prudence, je me suis abstenu d’en goûter ; c’est lui qui, en fouillant la terre, me les a fait découvrir.

moi. — Montre-les-moi ! Excellente découverte ! Ces racines, si je ne me trompe, sont des racines appelées manioc, dont on fait, aux Indes orientales, une sorte de pain ou de gâteau très-estimé, connu sous le nom de cassave ; mais il faut d’abord préparer avec soin les racines ; autrement, leur usage pourrait être dangereux. Nous tenterons cette préparation. »

Quand notre traîneau fut déchargé, je retournai au rivage avec mes fils pour exécuter un second voyage avant la nuit, pendant que ma femme et le petit François resteraient à nous préparer à souper, l’appétit ne devant pas nous manquer après une journée aussi fatigante.

Chemin faisant, Fritz me demanda si ce n’était point avec l’écaille de tortue que l’on fabriquait tant d’objets précieux, boîtes et autres bijoux, et si ce n’était pas dommage de l’employer à faire notre bassin.

« D’abord, lui répondis-je, dans la position où nous nous trouvons, l’utile doit passer avant tout. Du reste, cette tortue, si bonne à manger, n’est pas de celles dont l’écaille est si précieuse ; et, par contre, la tortue qui fournit la belle écaille ne se mange pas. La dernière espèce s’appelle caret ; notre tortue est une tortue franche. C’est par le moyen du feu que l’on détache la partie voûtée de l’écaille de la tortue caret, écaille si brillante, si belle à la vue. Avec les rognures fondues, on a une écaille de seconde qualité et très-cassante. »

Arrivés au radeau, nous chargeâmes tout ce que l’âne et la vache pouvaient traîner : deux caisses de nos effets, dont l’une contenait des livres et une Bible, des roues de char, le moulin à bras et une grande quantité d’autres choses de moindre importance.

Dès que nous fûmes de retour à Falkenhorst, ma femme m’appela à l’écart et me dit d’un air gracieux :