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le robinson suisse.

moi. — Très-bien, mes enfants ; Jack veut sans doute avoir une tabatière pour priser sans tabac ; François pense à semer des louis.

jack. — Ce n’est point pour y mettre du tabac que je désire une tabatière ; mais je veux m’en servir pour renfermer des graines de toutes formes et de toutes couleurs que je trouve dans les buissons, et des scarabées, des mouches, des chenilles, que je vois sur les herbes vertes, sur les fleurs et sur le sable.

le petit françois. — Mon argent me servira à acheter des gâteaux de miel, qui seront bien plus tendres que le biscuit que maman nous donne. À la foire prochaine, quand les marchands viendront, j’en ferai provision pour tout le monde.

moi. — Si tu attends à la foire prochaine, tu cours risque d’attendre fort longtemps. Quant au miel, les mouches qui t’ont si bien piqué à la figure, il y a quelques jours, sauront t’en fournir, si tu peux découvrir leurs rayons. »

En causant ainsi, nous arrivâmes à notre demeure. Immédiatement je séparai à coups de hache l’écaille de la tortue, ayant soin de choisir l’endroit où les cartilages relient ensemble l’écaille du dessus, ou carapace, à celle du dessous, ou plastron. Je découpai ensuite de gros morceaux de chair, que je posai sur le plastron, comme sur un plat, et ma femme fut très-surprise quand je lui dis qu’il n’y avait qu’à faire rôtir le tout sans autre assaisonnement que du sel.

« Tu me laisseras au moins, me répondit-elle, ôter cette partie verdâtre qui pend de tous côtés et qui me semble assez dégoûtante.

moi. — Non, ma chère amie : ce vert est la graisse même de la tortue ; cependant, si tu trouves qu’il y en a trop, mets-en à part pour faire de la soupe, et abandonne aux chiens la tête, les pattes et les entrailles ; nous salerons le reste de la bête pour le conserver avec soin.

— Oh ! papa, s’écria Jack, veuillez, je vous prie, me donner l’écaille !