<poem>
Lors qu’estant avec Anne, Antoinet[t]e[1] enchaînée
Tous nos esprits seront l’un de l’autre embrassez,
Et meslez l’un dans l’autre, et sans estre lassez
De cognoistre l’autre ame estre pour l’autre nee ?
Plus tost que ce doux bien m’eschape hors des mains,
Et qu’Amour et les Dieux me soient tant inhumains,
Je désire, ô Amour, que tu changes ta fleche
À celle de la Mort, à fin de m’en tuer :
Mais, si tu fais ce bien, que pour perpétuer
Ton fait, jamais la Mort n’y puisse faire breche.
out cet hiver par l’aspre et l’aigre vehemence
De longue maladie, a sur moy tempesté
Plus que sur un vaisseau dans la mer to[u]rmenté,
N’eust fait son orageuse et froide violence.
Mais de mes maux, le pire estoit la dure absence
De mon soleil, sans qui je hairois la clarté
De l’autre, qui m’ayant son Printemps présenté,
De ma Dame me rend quand et quand la presence.
Mais comme de l’hiver la queuë on voit durer,
Le Printemps fait mon corps aussi bien endurer
Que l’hiver, et le ciel de mes maux ne se lasse,
- ↑ Le poète fait ici allusion au baron d’Annebaut et à sa première femme, Antoinette de la Baume-Montrevel. Voir notre note de la p. 60.