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Tant que bruira d’un cours impétueux, Tant que fuyra d’un pas non fluctueux, Tant que sourdra d’une veine immortelle Le vers Tragic, le Comic, le Harpeur, Ravisse, coule, et vive le labeur Du grave, doulx et copieux Jodelle.

Jacques Tahureau (1) qui, dans son livre d’Odes, loue Jean de la Peruse comme le premier poëte tragique de France, ne laisse pas de désirer de telle sorte à Jodelle, qu’il veut que ce ne soit pas un homme, mais Apollon lui-même en homme transformé, et de fait se jouant sur les lettres de son nom et trouvant sur Estienne Jodelle : Io le Delien est né, il accompagna cette heureuse anagramme d’une ode célèbre dont le refrain de tous les couplets finit par ces mots : lo le Delien est né (2). Voici le premier couplet de l’ode :

(1) Jacques Tahureau, écuyer, sieur de la Chevallerie, fils puîné d’un lieutenant général du Maine, né au Mans en 1527, mort eu 1555, à peine âgé de 28 ans. Il avait, a-t-on dit, pour trisaïeule, Anne du Guesclin, sœur du Connétable, laquelle avait épousé un Tahureau. Ce fut un génie précoce. On lui doit, outre des poésies fort gracieuses, Sonnets, odes et mignardises, animées d’un souffle délicat, (éd. de 1554, de 1574, de 1602, 1868 et 1870) un recueil de dialogues plaisants et satyriques maintes fois réimprimé. Prosper Blanchemain a réuni en 1870, les Œuvres de ce poète et les a fait précéder d’une intéressante notice. (Paris, Libr. du Bibliophile, 2 vol. in-12). (2) Les Poésies de Jacques Tahureau du Mans, mises toutes ensembles et dédiées au Révérendissime Cardinal de Guyse, Paris, Nicolas Chesneau, 1574, in-12, fol. 38. A. Estienne Jodelle, se joüant sur son nom retourné.