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De vos malheurs : et ore peu rusee,
Vous voudriez bien encore estre excusee.
Contentez-vous, Cleopatre, et pensez
Que c’est assez de pardon, et assez
D’entretenir le fuseau de vos vies,
Qui ne seront à vos enfans ravies.

CLEOPATRE.
Ore, Cesar, chetive je m’accuse,
En m’excusant de ma premiere excuse,
Recognoissant que ta seule pitié
Peut donner bride à ton inimitié,
Qui ja pour moi tellement se commande.
Que ne veux-tu de moy faire offrande
Aux Dieux ombreux, ny des enfans aussi
Que j’ai tourné en ces entrailles ci.
De ce peu donc mon pouvoir est resté
Je rens, je rens grace à ta majesté,
Et pour donner à Cesar tesmoignage,
Que je suis sienne et le suis de courage,
Je veux, Cesar, te deceler tout l’or,
L’argent, les biens, que je tiens en thresor.

LE CHŒUR.
Quand la servitude,
Le col enschesnant,
Dessous le joug rude
Va l’homme gesnant,

Sans que l’on menasse
D’un sourcil plié,
Sans qu’effort on face
Au pauvre lié,

Assez il confesse,
Assez se contraint,
Assez il