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De pompes et delices
Attrayans doucement,

Sous leur gayes blandices,

L’humain entendement.
Car veit on jamais ville
En plaisir, en honneur,
En banquets plus fertile,
Si durable estoir l’heur ?
Mais ainsi que la force
Du celeste flambeau
Tirer à soy s’efforce
Le plus leger de l’eau ;
Ainsi que l’aimant tire
Son acier, et les sons
De la marine Lyre
Attiroyent les poissons ;
Tout ainsi nos delices,
La mignardise et l’heur,
Allechemens des vices,
Tirent notre malheur,
Pourquoy, fatale Troye,
Honneur des siecles vieux,
Fus tu donnee en proye
Sous le destin des Dieux ?
Pourquoi n’eus tu, Medee,
Ton Jason ? et pourquoy,
Ariadne, guidee
Fus tu sous telle foy ?
Des delices le vice
A ce vous conduisoit :
Puis après sa malice
Soymesme destruisoit.
Tant n’estoit variable
Un Prothee en son temps,
Et tant n’est point muable
La course de nos vents.
Tant de fois ne se change
Thetis, et tant de fois
L’inconstant