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BELFORT.

resserrait bientôt davantage, et les opérations du siège commençaient d’une manière sérieuse. Tous les efforts du général allemand tendaient à le rapprocher par degrés de la ville et à rejeter la défense dans ses retranchements. Le colonel Denfert multipliait les sorties afin de conserver intactes les positions qu’il avait cru devoir occuper.

Le 15 novembre, il se portait en force dans la direction de Bessoncourt et faisait éprouver aux assiégeants des pertes sérieuses. Cependant ses efforts n’arrêtaient pas la marche en avant de l’ennemi, qui avançait d’une manière peu sensible mais toujours sûre. Les assiégés perdaient bientôt l’une après l’autre les positions avancées sur lesquelles ils s’étaient établis : Bessoncourt, à l’est, puis Cravanche, au pied du Grand-Salbert, le Mont, au nord, Essert, à l’ouest, Bavilliers, au sud-ouest, étaient successivement enlevés par les troupes allemandes ; enfin, le 8 janvier, trois semaines environ après le jour où le bombardement avait commencé, les soldats de Treskow s’emparaient, après d’énergiques efforts et au prix des plus grands sacrifices, des ouvrages de Danjoutin et faisaient 700 prisonniers. Ces succès redoublent l’audace des assiégeants. Les attaques se multiplient et deviennent de plus en plus violentes. La Suisse, s’apitoyant sur le sort de la malheureuse population de Belfort, envoie une députation à Treskow afin d’obtenir l’autorisation de conduire à Porrentruy les femmes, les enfants et les vieillards de la ville assiégée. Moins humain que le général de Werder, qui avait accordé cette faveur à Strasbourg, Treskow refuse.

Le 9 janvier, les habitants de Belfort apprennent la marche de Bourbaki vers l’Est. Les courages abattus se raniment. La victoire de Villersexel est pour eux le signal de la délivrance, et lorsque, le 15, ils entendent tonner le canon d’Héricourt, ils croient enfin être arrivés au terme de leurs souffrances. Hélas ! des déceptions cruelles les attendaient. L’armée de Bourbaki, après avoir lutté héroïquement pendant trois jours contre les armées réunies de Werder et de Manteuffel, vaincue par l’hiver plus encore que par l’ennemi, est obligée