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AGRICULTURE.

départements faisant partie de la même région. Les meilleurs sont ceux de « la Porte-de-Lyon, Reventin et Seyssuel, près de Vienne, vins rouges qui ne manquent ni de corps, ni de bon goût, ni de spirituosité : ce sont du reste de simples ordinaires. »

L’Isère est une des contrées de la France où l’agriculture a fait le plus de progrès, grâce au caractère industrieux et à l’admirable persévérance des habitants. Dans quelques parties du département, les montagnes sont mises en culture jusqu’au point où l’altitude forme une barrière infranchissable. Elles sont divisées en gradins, formés de murs de pierres sèches, portant des champs soigneusement cultivés. Pour élever ces murs, le paysan a dû transporter à bras tous les matériaux pour transformer ces terrains incultes, il lui a fallu les recouvrir de terre végétale apportée quelquefois de très-loin. Tous ces champs sont entièrement cultivés à la bêche et le cultivateur transporte à bras les récoltes dans ses greniers. Malgré ces efforts, les habitants des montagnes ne peuvent vivre de culture ; un grand nombre d’entre eux, particulièrement dans l’Oisans, émigrent, et vont demander au commerce d’autres ressources. L’habitant de l’Oisans se fait colporteur, débitant d’épicerie ou de droguerie, fleuriste, etc. Certains fleuristes de Mont-de-Lans, de Venosc, d’Auris ont fait plusieurs voyages en Amérique.

Dans les plaines et dans les vallées, l’agriculture est de plus favorisée par les irrigations et la facilité des transports. Dans la vallée de l’Oisans, qu’arrose la Romanche, une foule de petites dérivations fertilisent les prairies. Dans le Graisivaudan et ses prolongements, les cultivateurs font toujours deux récoltes par an.

Le Dauphiné est assurément le pays le plus riche de France sous le rapport botanique. On y trouve toutes les plantes du midi de la France. Les sommets alpestres offrent la végétation la plus magnifique et la plus bizarre et l’on y voit les espèces rares qu’on ne trouve que dans le nord de l’Europe et dans les contrées boréales. Les régions dauphinoises du col de l’Arc, de la Grande-Chartreuse, du Mont-de-Lans, etc., sont célèbres dans le monde des naturalistes.

L’arrondissement le plus boisé est celui de Grenoble, où l’on trouve les forêts de la Grande-Chartreuse, de Saint-Guillaume, de Rioupéroux et de Saint-Hugon. La forêt de Chambaran est dans l’arrondissement de Saint-Marcellin. La surface boisée dépasse 178,000 hectares. On y trouve presque toutes les espèces résineuses : le sapin, qui y atteint d’énormes proportions, le pin, l’épicéa, etc. ; le hêtre, le fayard, le chêne, le charme, le tremble, le bouleau, le coudrier, le châtaignier, le cotonnier commun, le sorbier, l’érable, le frêne, le cornouiller. Le tilleul se rencontre principalement dans les environs