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HISTOIRE.

dans les États généraux du royaume ». La formule des gouvernements constitutionnels venait de se préciser dans l’assemblée de Vizille et allait être consacrée bientôt par l’Assemblée nationale de 1789.

Comme toutes nos provinces, en échange de la liberté nouvelle et des avantages de l’unité française, le Dauphiné se résigna au sacrifice de ses vieux privilèges, de son existence provinciale. Lors de la création des départements en 1790, il fut fractionné en trois départements : Isère, Drôme et Hautes-Alpes. Mais ces divisions géométriques n’effacèrent pas le vieil esprit dauphinois, qui est demeuré vivace, et ne pouvaient changer le caractère de cette population laborieuse, encore aujourd’hui fière de ses traditions et de ses glorieux souvenirs.

Quoique ayant donné un des premiers le signal de l’agitation, le Dauphiné fut un des pays qui se laissèrent le moins emporter aux excès révolutionnaires. Les guerres de la République et de l’Empire réveillèrent et satisfirent les instincts belliqueux de ses habitants. Grenoble, en 1814, se prépara à une opiniâtre résistance contre l’armée alliée, mais les événements rendirent cette résistance inutile. Au mois de mars 1815, ce fut Grenoble qui rouvrit, en réalité, la France à Napoléon Ier revenant de l’île d’Elbe. « Une fois dans Grenoble, a-t-il dit lui-même, le sceptre de la France était ressaisi ; j’étais redevenu une véritable puissance. » Mais ce fatal retour de l’Empereur devait coûter cher à la France et amena une seconde invasion plus prolongée, plus onéreuse que la première. Il ranima aussi les passions politiques, et la conspiration de Didier, cet avocat qui avait tour à tour flatté et abandonné les Bourbons et Napoléon, fut suivie de trop nombreuses exécutions (1816). Grenoble, hostile à la Restauration, perdit en 1824 sa Faculté de droit que le gouvernement supprima, mais que le gouvernement de Juillet lui rendit.

Depuis 1830, Grenoble, en réalité, n’a plus d’histoire : ainsi que toutes nos autres villes, elle vit et souffre de la vie et des souffrances de tous, mais les désastres de 1870-71 ont éveillé sur cette position militaire l’attention du gouvernement ;