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ISÈRE.

États du duc de Bourgogne. Lorsque sous Charles VIII, Louis XI et François Ier, les seigneurs du Nord descendirent la vallée du Rhône pour marcher à la conquête de l’Italie, les Dauphinois retrouvèrent l’ardeur des Allobroges et se portèrent en foule à la suite de nos rois. Ce fut alors que, par sa bravoure, la noblesse dauphinoise mérita le beau titre « d’escarlate de la noblesse françoise ». À Fornoue, on remarqua quarante-six gentilshommes dauphinois et parmi eux Bayard qui faisait ses premières armes ; à Marignan, trois cents ; à Pavie, cent quinze, sans compter ceux dont on a perdu les noms. Ce fut à un Dauphinois, le chevalier de Bouttières, qu’on dut en partie le succès de Cérisoles. D’Urre la Baume-Cornillon, surnommé Tartarin, jouissait d’une telle estime auprès de François Ier, que ce dernier dit un jour « que s’il fallait décider de sa querelle avec Charles-Quint en combat singulier il choisirait Tartarin pour second ».

Les guerres religieuses furent désastreuses pour le Dauphiné ; mais, si les cruautés du fameux baron des Adrets et de Montbrun chez les protestants, de Maugiron et de la Motte-Gondrin chez les catholiques, montrèrent que le rude caractère des hommes du moyen âge n’était pas encore adouci, De Gordes sauva les protestants de Grenoble en refusant, lors de la Saint-Barthélemy, d’obéir aux ordres sanguinaires de la cour. Le connétable de Lesdiguières, qui pacifia la contrée sous Henri IV, donna l’exemple de la plus sage administration après avoir fourni les preuves d’une rare vaillance. C’est à lui que Grenoble devait l’enceinte des fortifications détruites il y a quelques années, ses quais sur l’Isère, l’ancien pont de pierre, la terrasse des marronniers du Jardin de Ville, et toute la province, un grand nombre de travaux utiles. Il fit aussi élever le château de Vizille, qu’il se plut à habiter et où il reçut en 1623 la visite de Louis XIII.

Sous Louis XIV, la révocation de l’édit de Nantes porta un coup funeste à la propriété industrielle du Dauphiné qu’abandonnèrent cinquante mille protestants, et, pour comble de malheur, la province fut envahie et ravagée par le duc de