Page:Joanne, Géographie de l’Isère, 1876.djvu/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
HISTOIRE.

Rhône, et la bourgade qu’ils avaient créée, dès l’année 121, pour contenir les populations de la vallée de l’Isère, Cularo (lieu reculé), bourgade devenue plus tard la ville de Grenoble.

Vienne, d’où sortirent les colons qui peuplèrent Lyon, capitale de la Gaule, n’en fut pas moins une des cités romaines les plus illustres : des voies magnifiques l’unissaient à Arles, à Cularo et à l’Italie ; elle était le chef-lieu d’une subdivision de la Narbonnaise, la province viennoise, créée par Auguste ; elle élevait à l’empereur et à Livie un temple dont on admire les restes, et tout rappelle encore, dans la ville moderne, le souvenir de sa grandeur passée. Comblée des faveurs de Claude, Vienne se souleva la première contre le despotisme infâme de Néron, et mérita les témoignages de reconnaissance de l’empereur Galba.

Vienne fut une des premières cités où le christianisme eut des apôtres et des martyrs. Elle se glorifiait même, peut-être à tort, d’être la plus ancienne métropole des Gaules.

Dans les troubles qui marquèrent et hâtèrent la fin de l’empire romain, Vienne, quoique souvent ravagée, joue encore un rôle digne de sa renommée. Posthume, gouverneur de la province viennoise, revêtit la pourpre impériale que bientôt il teignit de son sang. Les Viennois refusèrent de soutenir Maximien contre Constantin, et leur cité, après le triomphe de ce dernier, devint la résidence d’un lieutenant du préfet des Gaules, en même temps que leur église obtenait la primauté sur les autres églises (325). Mais l’empereur Gratien, frappé de la position avantageuse de Cularo au point de vue militaire, agrandit cette dernière ville qui prit et garde encore son nom (Gratianopolis, d’où est dérivé le mot de Grenoble).

Pourtant ce fut encore à Vienne que les Burgondes, maîtres, au cinquième siècle après Jésus-Christ, de la vallée de la Saône et du Rhône, établirent le centre de leur puissance. Plus humains, plus industrieux que les autres barbares et déjà chrétiens quoique imbus de la doctrine d’Arius, ils fondèrent un établissement durable qui résista longtemps à la puissance des rois francs. Ce fut sous les murs de Vienne et aux dépens de