l’Égypte n’est pour toi qu’une fable, mais tu acceptes son acteur principal, Moïse, tel que la Bible le présente, en dépouillant seulement son auréole du caractère divin. Tu diffères en cela de tes pareils qui sont, au moins, plus conséquents avec leur incrédulité, et qui, rejetant la fable, rejettent aussi son héros.
— Si je ne suis pas de ceux qui croient tout, je ne suis pas non plus de ceux qui nient tout. Quand je vois un tableau, je suis sûr qu’il a été peint par quelqu’un. Que ce soit par Raphaël au XVIe siècle, ou par un autre à une époque plus reculée, peu importe ; l’existence du tableau affirme l’existence du peintre. Que les commandements et les lois renfermés dans l’Ancien Testament aient été rédigés par le Moïse des Hébreux ou par le Manou des Hindous, c’est l’affaire du savant. Pour nous, ces lois attestent l’existence du législateur. Qu’il ait vécu deux mille ou quatre mille ans avant Jésus-Christ, que son nom soit Manou, Manès, Minos ou Moïse, cela ne détruit pas sa personnalité.
— N’empêche que c’est Jésus qui a perfectionné ces lois.