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retrait des monnaies d’or trop légères

Il faudra bientôt prendre des mesures pour remédier à cette diminution croissante du poids des pièces d’or anglaises. Le retrait peut s’effectuer de plusieurs manières. D’abord la Reine pourrait lancer une proclamation par laquelle elle révoquerait et interdirait la circulation de toutes les pièces d’or remontant à plus de vingt ou vingt-cinq ans, attendu que ce sont surtout les anciennes pièces dont le poids est insuffisant. Une autre méthode consisterait à obliger tous les employés des finances, directeurs des bureaux de poste et autres, sous le contrôle du gouvernement, à peser tous les souverains qui leur seraient présentés. S’il le fallait même, les banquiers du royaume pourraient être obligés à peser les pièces. Mais il est évident que de telles mesures seraient fort incommodes et causeraient des embarras sérieux. Le fonctionnement de la caisse d’épargne par les bureaux de poste serait compromis si tout dépositaire d’une livre devait perdre 2 pour 100 à cause de la légèreté de la monnaie. Une vive émotion et de grands embarras suivirent la dernière proclamation de juin 1842, qui retirait les monnaies d’or trop légères. Faire subir au dernier possesseur d’une pièce toute la perte qui résulte d’une circulation de trente ou de quarante ans, est une mesure qui conduit, dans bien des cas, à des injustices criantes. La loi actuelle tend à faire peser la perte sur les pauvres, qui d’ordinaire n’ont à payer qu’un ou deux souverains à la fois, tandis que les gens riches, en ayant beaucoup, peuvent éviter de payer avec des pièces légères dans les bureaux où l’or est pesé.

Je crois que le seul remède efficace est pour le gouvernement de supporter la perte occasionnée par l’usure de l’or, comme il le fait déjà pour la monnaie d’argent. La banque d’Angleterre serait autorisée à recevoir tous les souverains qui ne présenteraient aucune marque de dommage intentionnel ou d’altération frauduleuse ; elle les recevrait avec leur valeur nominale, pour le compte de la Monnaie qui frapperait de nouveau, aux frais du public, les pièces trop légères. Personne alors n’aurait plus de raisons pour ne pas porter à la Banque les pièces légères ; la circulation