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nayeurs doivent se rapprocher autant que possible, soit dans chaque pièce isolément, soit dans l’ensemble.

Du poids du souverain nous déduisons le prix de l’or à la Monnaie. Si, en effet, nous divisons le nombre de grains du souverain par le nombre de grains que contient l’once, c’est-à-dire par 480, nous saurons exactement combien de souverains et de portions de souverain la Monnaie doit rendre pour chaque once d’or qui lui est livrée. Nous trouvons que le nombre est de 3,89375, ce qui équivaut à 3 livres 17 shellings 10 pence 1/2. Cela revient exactement à dire, dans l’ancien langage monétaire, que vingt livres pesant d’or doivent donner par le monnayage 934 souverains et un demi-souverain. J’ai entendu parler de personnes qui trouvaient mauvais que le gouvernement fixât le prix auquel l’or devait être acheté et vendu par la Monnaie, et qui convenaient pourtant que le souverain devait avoir un poids fixe. Cependant le prix fixe peut se convertir en un poids fixe et vice versa. L’un est une conséquence de l’autre.

Dans la pratique le poids d’une pièce de monnaie est toujours une affaire de limites, et il faut fixer des limites pour le poids qu’elle doit avoir lors de l’émission comme pour celui qu’elle doit conserver pour rester légalement dans la circulation. Dans le langage technique on appelle tolérance (en anglais remedy, et dans le vieux français remède) la latitude accordée au directeur de la Monnaie pour l’imperfection de la main-d’œuvre, et la loi fixe cette tolérance à deux dixièmes de grain (0,01296 grammes). Ainsi la Monnaie ne peut pas légalement émettre un souverain pesant moins de 123 grains 074, ou plus de 123 grains 474. D’un autre côté, comme la pureté de l’or ne peut jamais être amenée avec une précision absolue au titre de onze douzièmes, c’est-à-dire 916,66 sur 1000, on accorde à cet égard une tolérance de 2 sur 1000. On dit que nos ateliers anglais réussissent fort bien à s’enfermer dans ces limites de poids et de titre.

Tout souverain émis par la Monnaie conformément à ces règles, et portant l’empreinte autorisée par la Reine, est une monnaie légale, et doit être acceptée par un créancier en paiement d’une dette montant à cette somme, pourvu qu’il ne soit pas descendu, par l’usure ou des moyens frauduleux,