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lesquelles elles peuvent s’échanger légalement, et l’on prend soin de leur donner des poids tels que leur valeur métallique soit toujours au-dessous de leur valeur légale. Il n’y a jamais rien à gagner à fondre de telles monnaies, ou à les exporter, et le rapport suivant lequel elles s’échangent contre les espèces principales est toujours un rapport simple fixé par la loi.

Le cours forcé composite est engendré naturellement par le système à double étalon. Nous avons vu en effet que si, avec ce dernier système, le taux fixé par la loi pour for est trop élevé, toutes les pièces d’argent à valeur pleine seront graduellement retirées ou exportées, de sorte qu’il ne restera dans lu circulation que des pièces d’argent légères à valeur conventionnelle. Lord Liverpool, dans l’enquête approfondie qu’il fit au sujet de la monnaie métallique, ayant reconnu les avantages du cours forcé composite sur le système à double étalon, appuya de la manière la plus catégorique l’adoption du premier en Angleterre. On trouvera ses arguments dans son admirable « Traité sur les monnaies du royaume sous forme d’une lettre au roi » (Oxford, 1805), et ses recommandations, mises à exécution en 1816, sont la base de notre système monétaire actuel.

Un système composite de circulation a souvent existé sans être formellement reconnu et sans désignation spéciale. Il se produit toutes les fois que des espèces d’or et d’argent ont cours à des taux fixés par la loi ou par l’usage, mais que les pièces d’argent, soit usées, soit rognées, tombent au-dessous du poids normal. Depuis l’année 1717, où la guinée fut fixée à 21 shellings, jusqu’à l’adoption du système actuel en 1816, la base théorique de la circulation anglaise fut le système à double étalon. Toutefois, dans la pratique, les pièces d’argent étaient si rares et si usées, qu’elles n’avaient guère qu’une valeur conventionnelle. Les jetons de cuivre des commerçants, étant toujours d’un poids léger, et s’échangeant en vertu de l’usage dans certaines proportions contre des pièces d’argent, formaient le troisième terme de la série. Mais lord Liverpool semble avoir le premier saisi et exposa les principes d’après lesquels un tel système fonctionnait, et il est indubitable que le système, tel qu’il l’exposait, est le plus propre à fournir une monnaie commode et économique.