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cent, il fit rapidement disparaître de la circulation la monnaie d’argent. On porta différentes lois pour remédier a ce fâcheux état de chose ; mais elles n’obtinrent aucun succès tant que l’or fut maintenu à la même valeur.

Dans ce cas, comme dans beaucoup d’autres qui pourraient être cités, un gouvernement a essayé de combiner la circulation de l’or avec celle de l’argent, sans être bien au courant de tous les principes en jeu dans cette expérience. Ce ne fut guère avant la révolution française que le système du double étalon fut choisi en connaissance de cause comme la meilleure méthode. Depuis que la célèbre loi appelée « La loi du 7 germinal, an XI » eut été adoptée par le gouvernement révolutionnaire, le système s’est identifié avec les théories des économistes français. L’histoire de l’origine de cette loi était presque inconnue, lorsque M. Wolowski l’exposa dans une série d’articles remarquables publiés en 1869, par le Journal des économistes.

Dès 1790 Mirabeau présenta à l’assemblée nationale un mémoire célèbre sur les théories monétaires, dans lequel, au milieu d’un mélange curieux d’idées vraies et fausses, il se décida en faveur de l’argent employé comme monnaie principale, attendu la plus grande abondance de l’argent relativement à l’or. Il proposa de faire de l’argent la monnaie constitutionnelle, c’est-à-dire de lui donner le cours forcé, et d’employer le cuivre et l’or comme signes additionnels de valeur. Ces idées furent appliquées dans de certaines limites ; le franc fut fixé d’abord au poids de 10 grammes d’argent, par le décret du 1er août 1793 ; puis il fut définitivement ramené à 5 grammes par la loi du 28 thermidor an III. Les anciennes pièces d’or de 24 et de 48 livres continuèrent à circuler, tandis que les pièces d’or de 10 grammes ordonnées par le décret, ne furent pas frappées.

En l’an IX Gaudin proposa le rapport de 15 1/2 à 1 pour fixer le poids des pièces d’or relativement aux pièces d’argent. Ainsi, comme le franc consistait en 5 grammes d’argent aux neuf dixièmes, la pièce d’or de 20 francs devait contenir 6 grammes 451 milligrammes d’or au même titre. Gaudin parait avoir pensé que ce rapport se rapprochait assez du