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poids ; mais plus tard la balance devint un instrument nécessaire dans toutes les transactions importantes. Dans l’Ancien Testament nous trouvons plusieurs passages impliquant avec évidence que les anciens Hébreux avaient coutume de peser la monnaie. Dans la Genèse (XXIII, 16), Abraham est représenté pesant, pour les remettre à Ephron, « quatre cents sicles d’argent ayant cours chez les marchands ; » mais on pense que le métal en question consistait en lingots bruts ou en anneaux qui ne peuvent être considérés comme des pièces de monnaie. Dans le livre de Job (XXVIII, 15) il est dit que « la sagesse ne peut être acquise à prix d’or, et que l’argent ne sera pas pesé pour la payer. »

Aristote, dans sa Politique (livre I, ch. ix), nous expose d’une manière intéressante ses idées sur l’origine de la monnaie, et nous dit nettement que les métaux circulaient d’abord simplement d’après leur poids et leurs dimensions ; Pline fait une semblable assertion. Un fait remarquable nous conduit encore à croire qu’il en était ainsi ; c’est que, même lorsque les balances n’étaient plus en usage, la coutume d’en apporter une se conservait encore à Rome, dans la vente de certaines choses, comme une formalité légale.

On ne peut guère douter que tout système de monnaies n’ait été, à l’origine, identique avec un système de poids, l’unité de valeur étant l’unité de poids de quelque métal choisi. La livre sterling anglaise était certainement une livre saxonne d’argent au titre, quantité trop considérable pour qu’on pût en faire une seule pièce de monnaie, mais qui se divisait en deux cent quarante pence d’argent, dont chacun pesait un pennyweight. Dans les pounds anglaises et écossaises, dans la livre française, nous avons les restes d’un système uniforme et international de monnaie et de poids, dont l’établissement est attribué à Charlemagne, mais qui malheureusement fut bouleversé et détruit par les altérations que la monnaie reçut dans un pays ou dans l’autre. La plupart des unités principales de valeur étaient de même à l’origine des unités de poids, comme le sicle, le talent, le statère, la libra, le marc, le franc, la lira.

Dans l’Ancien Testament l’idée de monnaie est exprimée trois fois par le mot hébreu kesitah, qui, dans quelques ver-