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en ces termes. Si un homme s’engageait par contrat à vendre des marchandises jusqu’à concurrence de 100 livres sterling, et à recevoir le paiement de cette somme en pence et en demi-pence de bronze, le contrat serait valable sans nul doute, bien que la monnaie de bronze n’ait cours forcé que pour les paiements qui n’excèdent pas douze pence.

La signification exacte de l’expression cours forcé peut, bien entendu, varier d’un pays à l’autre, et les remarques précédentes s’appliquent seulement aux pays soumis à la loi anglaise.

pouce de l’habitude dans la circulation de la monnaie.

Il est une foule de phénomènes sociaux que l’on ne pourra jamais comprendre si l’on n’a sans cesse présente à l’esprit la force de l’habitude et des conventions sociales. Nulle part cette vérité n’éclate mieux que dans le sujet qui nous occupe. Bien souvent, dans le cours des siècles, des souverains puissants ont entrepris de mettre en circulation des monnaies nouvelles et d’en retirer d’anciennes ; mais les instincts de l’intérêt personnel ou les effets de l’habitude ont eu plus de pouvoir sur les populations que les lois et les pénalités. Dans certains exemples particuliers, il peut être difficile d’expliquer les faits qui se produisent relativement à la circulation des monnaies. Cependant une analyse attentive du caractère de ceux qui manient la monnaie et des motifs qui les décident à la conserver ou à s’en défaire, jettera beaucoup de lumière sur ce sujet.

Nous devons remarquer, tout d’abord, que la grande majorité de la population qui se sert des monnaies n’a point de théories ni d’idées générales au sujet de la monnaie. Elle est guidée uniquement, à ce sujet, par l’opinion populaire et la tradition. La seule préoccupation de la plupart des gens, en recevant une pièce de monnaie, est de savoir si de semblables pièces ont été reçues sans difficulté par d’autres personnes. Ainsi, aujourd’hui encore, dans les parties reculées de la Norwége, les anciens dalers en papier sont préférés aux belles pièces d’or de vingt kroner nouvellement frappées. La plupart du temps le public ne possède aucun moyen de