fausses notions sur la nature de la valeur qui n’est jamais une propriété intrinsèque ou essentielle ; mais qui est simplement une circonstance, un rapport extérieur (voyez chap. II). Pour éviter toute équivoque, j’emploierai l’expression de valeur métallique, et je distinguerai cette valeur de la valeur nominale, usuelle, ou légale, suivant laquelle une pièce est échangée réellement, ou doit légalement s’échanger contre d’autres pièces.
La valeur métallique d’une pièce peut descendre au-dessous de sa valeur nominale de deux manières, soit qu’on diminue le poids, soit qu’on change le titre du métal. La monnaie d’argent anglaise conserve encore l’ancien titre de 11 onces 2 drachmes d’argent par livre troy[1], titre qui date d’un temps immémorial. Par la loi de 1816, les monnaies d’argent, qui étaient auparavant, du moins en théorie, des monnaies à valeur pleine, perdirent 6 pour cent de leur poids, et devinrent ainsi ce qu’elles sont encore, c’est-à-dire des monnaies à valeur conventionnelle ou jetons. En France, et dans les autres pays appartenant à l’union monétaire dite latine, les petites pièces d’argent de deux francs, d’un franc, de cinquante centimes, ont été converties en jetons par la réduction du titre de l’argent, qui est descendu de 900 à 835 millièmes. Il semble que peu importe la méthode adoptée : cependant la méthode anglaise, tant qu’elle ne donne pas aux pièces une exiguïté incommode, est peut-être un peu meilleure, parce que quelques personnes peuvent s’assurer du poids d’une monnaie, tandis que les essayeurs de profession peuvent seuls vérifier le titre du métal.
Est-il besoin de dire que les pièces qui circulent dans un pays avec une valeur conventionnelle peuvent, dans d’autres pays, être reçues avec leur valeur métallique ?
On doit en outre distinguer la monnaie suivant qu’elle est ou n’est pas ce que l’on appelle en anglais legal tender, c’est-à-dire qu’elle a ou n’a pas ce que les Français appel-
- ↑ La livre troy vaut 373 gr. 212.