CHAPITRE PREMIER
le troc.
Il y a quelques années, mademoiselle Zélie, chanteuse du théâtre Lyrique à Paris, fit autour du globe une tournée artistique, et donna un concert aux Îles de la Société. En échange d’un air de la Norma et de quelques autres morceaux, elle devait recevoir le tiers de la recette. Quand on fit les comptes, on trouva qu’il lui revenait pour sa part trois porcs, vingt-trois dindons, quarante-quatre poulets, cinq mille noix de coco, sans compter une quantité considérable de bananes, de citrons et d’oranges. À la Halle de Paris, ainsi que le fait remarquer la prima-donna dans une lettre spirituelle publiée par M. Wolowski, la vente de ces animaux et de ces végétaux aurait pu rapporter quatre mille francs, ce qui aurait été pour cinq airs une assez jolie rémunération. Mais dans les Îles de la Société les espèces étaient rares ; et, comme mademoiselle Zélie ne put consommer elle-même qu’une faible partie de sa recette, elle se vit bientôt obligée d’employer les fruits à nourrir les porcs et la volaille.
Lorsque M. Wallace voyageait dans l’archipel de la Malaisie, il souffrait plus souvent, à ce qu’il semble, de la rareté