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effets du système des chèques et des compensations

Mais il est un fait bien plus important que toutes ces considérations, c’est que, partout où il existe un système étendu de banques, on n’opère plus à l’aide de la monnaie qu’une partie des transactions. Je n’attache pas grande importance à l’usage des lettres de change pour remplacer la monnaie, parce que leur emploi est nécessairement renfermé dans des limites restreintes ; elles sont moins une monnaie qu’une marchandise qui se vend et s’achète avec de la monnaie. Mais nous avons suivi pas à pas dans son développement le système par lequel les chèques et les compensations permettent de balancer les dettes les unes par les autres, de sorte que la monnaie n’est plus jamais déplacée, et n’intervient que pour fournir l’unité de valeur servant à exprimer les sommes sur lesquelles on opère. Actuellement, les échanges importants se font presque uniquement à l’aide d’un système compliqué et perfectionné de troc. C’est ainsi que s’effectuent chaque année, au Clearing-House de Londres, des transactions dont le total s’élève au moins à 6 000 000 000 sterling (150 milliards de francs), sans qu’on ait jamais recours au numéraire. Encore ce total ne donne-t il qu’une idée fort incomplète des transactions se réglant avec les chèques. On opère en réalité des transactions tout aussi nombreuses dans les banques des provinces, soit entre les succursales, agents ou correspondants d’une même banque, soit entre des banques ayant à Londres les mêmes correspondants.

Si nous n’avons que des idées très-incomplètes sur le total des transactions de l’Angleterre, nous savons bien moins encore comment les paiements ont lieu dans d’autres pays. Les transactions du Clearing-House de New-York sont très-considérables, ainsi que nous l’avons vu, et il existe un système de banques qui s’étend sur la surface entière des États-Unis. Mais il faudrait faire, sur place de longues investigations, pour savoir si les correspondances qui existent entre ces banques leur permettent d’économiser autant de numéraire qu’on le fait en Angleterre, grâce aux systèmes des agences de Londres. En France et dans