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que c’est le numéraire métallique qui nous manque. Nous ne devons pas compter sur des modifications de la loi pour augmenter dans le pays le montant des espèces, et, ainsi que je l’ai fait remarquer, toute personne qui a de l’or peut se procurer des souverains. D’autre part, faute de mines d’or, on ne peut se procurer ce métal que par un commerce avec l’étranger, qui l’amène chez nous sans le faire sortir de nouveau. En somme, la monnaie principale doit être regardée comme une marchandise dont la production doit être livrée à l’action naturelle des lois de l’offre et de la demande. En émettant sans restriction une monnaie représentative en papier, on intervient d’une manière artificielle dans le jeu de ces lois.

l’école des banques libres.

Ce que les théoriciens demandent ce n’est donc pus d’avoir plus d’or, mais plus de promesses de paiements en or. L’école des banques libres en particulier soutient que c’est un des droits primordiaux de l’individu de faire des promesses, et que chaque banquier doit être autorisé à émettre autant de billets qu’il en peut faire prendre à ses clients, en gardant la réserve de monnaie métallique qu’il croit suffisante pour le mettre en état de remplir ses engagements. Mais cette liberté dans l’émission du papier-monnaie ne remédie pas du tout au mal dont souffre le marché monétaire, puisque ce mal est le manque d’or, et non le manqua de papier. Au contraire, une émission illimitée de papier tendrait à réduire encore la quantité d’or déjà fort restreinte sur laquelle nous élevons l’édifice d’un commerce immense. Ici nous touchons au point le plus délicat de toute la théorie de la circulation. Il y a aussi une école, représentée autrefois en Angleterre par des écrivains comme Ricardo et Tooke, qui soutient qu’il est impossible d’émettre une quantité trop considérable de papier-monnaie. M. R, H. Inglis Palgrave a récemment développé avec beaucoup d’habileté des arguments dans ce sens, dans son ouvrage intitulé : « Notes on Banking », et la connaissance si étendue qu’il possède du sujet doit prêter beaucoup de force à ses opi-