CHAPITRE XXIII
les lettres de change sur l’étranger
Dans les temps anciens le commerce consistait en un échange direct de marchandises. Une caravane partait avec une provision d’articles manufacturés, traversait les déserts de l’Arabie et du Sahara, et revenait avec l’ivoire, les épices et d’autres produits précieux obtenus par le troc. Plus tard le marchand chargeait son propre navire et l’expédiait au hasard, comptant sur le patron du bâtiment pour vendre les marchandises avantageusement, et pour rapporter ensuite par ce moyen une autre cargaison, qui se revendrait avec grand profit à l’intérieur. Ce genre de commerce était évidemment réciproque, et ce qu’on expédiait servait à payer ce qu’on rapportait ; il n’y avait donc dans l’intervalle que peu ou point d’argent qui restât improductif.
Partout où cet échange réciproque et direct n’existait pas, il était nécessaire soit de transporter de la monnaie métallique, soit d’imaginer quelque moyen de transférer les créances. Or le transport de l’argent n’occasionne pas seulement une perte d’intérêt pendant le temps que dure le transport ; il y a aussi, pour garder cet argent, des frais inévitables, sans compter qu’on risque de le perdre complètement. Aussi découvrit-on, il y a plusieurs siècles, que l’usage de titres en papier diminuerait, ou peut-être même rendrait inutile l’emploi de la monnaie métallique dans la commerce avec l’étranger.