ciétés primitives. Comme on le comptait par têtes (capita), le bétail s’appelait capitale, d’où vient le terme économique de capital, l’expression juridique de cheptel, et le mot anglais de cattle (bétail).
Dans les pays où les esclaves étaient une des propriétés les plus communes et les plus estimées, ils devaient naturellement, ainsi que les bestiaux, être employés comme moyen d’échange. Pausanias fait mention de cet usage, et dans l’Afrique centrale, comme dans quelques autres régions où l’esclavage est encore florissant, les esclaves servent comme moyen d’échange concurremment avec le bétail et les dents d’éléphant. D’après la relation d’Earl sur la Nouvelle-Guinée, il y a dans cette île un trafic d’esclaves considérable, et une tête d’esclave y forme l’unité de valeur. En Angleterre même on croit que les esclaves s’échangeaient à une certaine époque en guise de monnaie.
La passion de la parure est un des instincts les plus anciens et les plus puissants de la race humaine ; comme les objets employés à la satisfaire devaient être durables, universellement estimés et faciles à transporter, il était naturel qu’on leur fit jouer aussi le rôle de monnaie. Les fils ou colliers de wampum des Indiens de l’Amérique du nord fournissent un exemple de cet usage ; car ils ont certainement été employés comme parure. C’étaient des chapelets formés avec les extrémités de coquilles blanches et noires qu’on avait d’abord polies par le frottement, puis enfilées en forme de ceintures et de colliers ; on les estimait selon leur longueur, mais aussi selon leur couleur et leur éclat, un pied de wampum noir valait deux pieds du blanc. C’était si bien une monnaie acceptée parmi les indigènes que la cour du Massachusetts décida, en 1649, que, pour le paiement des dettes entre colons, elle serait reçue jusqu’à concurrence de quarante shellings. Ce qui est assez curieux aussi, c’est que, semblables à nos avares européens entassant des monnaies d’or et d’argent, les plus riches d’entre les chefs in-