qui nous décharge de toute responsabilité, au lieu de nous en créer une, lorsque nous la livrons en paiement d’une dette.
Il est extraordinaire que les auteurs qui ont écrit sur le numéraire aient si rarement remarqué la différence profonde séparant les titres commerciaux qui produisent intérêts de ceux qui n’en produisent pas. C’est en raison de cette différence qu’ils peuvent, ou ne peuvent pas, constituer une monnaie représentative. C’est en effet un caractère essentiel de la monnaie métallique qu’on ne gagne rien à la garder dans la poche ou en caisse. Je puis être obligé de garder de l’argent et de le tenir prêt pour payer mes dettes ; mais, pendant ce temps, je perds l’intérêt que je recevrais si j’employais la somme à acheter des titres de rentes, des actions, des obligations, ou même si je la déposais dans une banque. La monnaie peut donc être considérée comme une marchandise dans un état constant d’offre et de demande, suivant l’expression de Michel Chevalier. Chacun essaye toujours de s’en défaire par quelque achat utile, et la garde entre ses mains aussi peu que possible. Cela est encore plus vrai des billets de banque, des chèques, des billets a vue et de quelques autres titres qui sont aussi toujours payables à présentation, de sorte qu’on ne peut leur attribuer aucun intérêt. Si leur paiement n’était pas quelquefois incertain, et si leur possession ne pouvait susciter au détenteur quelques difficultés légales, ces titres auraient tous les caractères du numéraire en espèces, et l’on en conserverait le minimum de ce qu’exigent les besoins courants. On conserve, au contraire, en quantités aussi grandes que possible, les titres produisant intérêts, parce que plus on les garde, et plus l’intérêt augmente. La grande affaire de tout banquier est d’avoir un portefeuille plein de bons effets qui représentent en réalité le placement du capital dans l’industrie. Les rentes sur l’État, et les obligations émises par des compagnies ou des sociétés publiques, ne diffèrent des effets de commerce que parce qu’ils sont remboursables à des époques très-reculées, ou même ne sont