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sent jamais être pleinement et commodément réalisées dans la pratique.

Les greenbacks des États-Unis étaient reçus dans toutes les caisses de l’État ; ils devaient être acceptés aussi en paiement de toutes les taxes et de tous les droits jusqu’à concurrence de certaines sommes déterminées, excepté pour les droits de douane ; mais, quoiqu’il y ait ainsi un certain nombre de billets retirés, cela n’empêche pas la dépréciation, si ces billets sont rejetés bientôt dans la circulation avec addition de billets nouveaux destinés à faire face aux besoins pressants du gouvernement.

Les timbres-poste s’emploient en petites quantités comme monnaie dans plusieurs pays. Dans les premières années de la guerre d’Amérique on en faisait un grand usage, comme monnaie divisionnaire. Ils constituent maintenant un moyen de paiement reconnu en Angleterre, et la plupart des directeurs des postes les reprennent avec un escompte de 2 1/2 pour cent, pourvu qu’on en présente deux ou davantage encore adhérents l’un à l’autre. Toutefois, indépendamment de ce rachat, on fait une telle consommation de ces timbres que l’excès dans la quantité n’en peut guère diminuer la valeur. Ils fournissent un moyen commode et peu dispendieux d’envoyer de petites sommes, par exemple d’un demi-penny à cinq shellings, et il n’y a guère d’inconvénient à ce qu’ils soient employés à l’occasion pour rendre de la monnaie, au lieu de pièces de bronze. Toutefois ce serait un fort mauvais numéraire s’ils circulaient en grandes quantités.

13o convertibilité différée.

Une ressource souvent employée par les gouvernements insurrectionnels ou belligérants, dépourvus de fonds, consiste à émettre des billets par lesquels ils s’engagent à payer en espèces lorsqu’ils auront réussi à s’établir. Quand on promet aussi un intérêt proportionnel au délai, ces billets doivent être regardés plutôt comme des obligations. Tels étaient les billets émis à New-York par Kossuth pour fournir des fonds aux Hongrois ; ils devaient être payés après l’établissement d’un gouvernement hongrois indépendant. Le fameux Wal-