Page:Jevons - La monnaie et le mécanisme de l’échange.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

relativement à celui du papier s’élève au-dessus du pair. Tant que les billets et les monnaies d’or qu’ils prétendent représenter, circulent sur un pied d’égalité, ces billets sont aussi bons que s’ils étaient convertibles. Depuis le commencement de la guerre entre la France et la Prusse, la Banque de France paraît avoir appliqué ce principe avec succès. Malgré les troubles politiques et financiers qui ont agité la France, les billets non convertibles n’ont jamais subi qu’une dépréciation de 1/2 à 1 pour cent. Mais il s’est présenté bien peu de cas où, comme dans celui-ci, une circulation en papier non convertible n’ait pas été sérieusement dépréciée. Pendant la restriction des paiements en espèces en Angleterre, l’or se vendait et s’achetait avec une prime qui atteignait jusqu’à 25 pour cent ; et cependant Fox, Vansittart et les principaux politiques de l’époque déclaraient qu’il était absurde de supposer une dépréciation du papier. Les préjugés des hommes au sujet du numéraire sont tellement inexplicables qu’il est bon en pareille matière de ne rien livrer à un pouvoir discrétionnaire.

12o convertibilité par le paiement des impôts.

Souvent des gouvernements ont essayé de soutenir la valeur d’un numéraire en papier en s’engageant à le recevoir pour le paiement des taxes, ou même en le déclarant obligatoire à cet effet. Quand le gouvernement russe émettait des assignats, il les recevait à un taux fixe au lieu de monnaie de cuivre, et exigeait que le vingtième au moins de tout paiement fût effectué ainsi. Les assignats français du temps de la Révolution étaient aussi reçus dans les caisses publiques. Ce serait là une bonne méthode d’assurer la stabilité de la valeur du papier monnaie à deux conditions : — 1o que les taxes et les droits divers fussent eux-mêmes perçus selon un tarif fixé ; 2o que la quantité des billets émis restât dans des limites modérées, et que par suite toute personne qui voudrait réaliser les siens en monnaie métallique pût en trouver une autre obligée de payer des impôts et disposée par conséquent à lui donner des espèces en échange de billets. Mais il est très-improbable que ces conditions puis-