utilité apparente, et qu’elles ne sont pas hors des atteintes d’un pouvoir arbitraire, elles exercent souvent sur lui une fascination irrésistible. Charles Ier saisit la monnaie déposée à la Tour. Lorsque les Français envahirent la Hollande en 1795, on reconnut qu’une grande partie des espèces que l’on croyait déposées dans les caves de la Banque d’Amsterdam avaient disparu, parce qu’elles avaient été prêtées secrètement à la Compagnie Hollandaise des Indes Orientales et aux autorités de la ville. Le gouvernement russe avait amassé avec soin, dans la citadelle de Saint-Pétersbourg, une réserve de banque qui fut administrée par les membres du bureau de Change, jusqu’au moment où les troubles de 1848 forcèrent l’empereur à en prendre lui-même le contrôle. Dans une foule de circonstances, des gouvernements, y compris le gouvernement anglais en 1797, ont fait usage des dépôts de banque, en suspendant les paiements en espèces.
La Banque d’Angleterre, telle que l’a organisée l’Acte de Constitution de la Banque en 1844, représente parfaitement cette méthode. Chaque fois qu’un nouveau billet de cinq livres sort du service de l’émission, il faut que 616 grains 37 d’or soient déposés dans les mains des directeurs de ce service. Toutefois la somme totale de l’or déposé dans les caves est inférieure de quinze millions de livres à celle des billets en circulation, cette différence constante étant couverte par des garanties sur titres, et par une somme d’environ onze millions que la Banque prête au gouvernement sans intérêt. Grâce à cet arrangement, l’Angleterre a tous les avantages du système à dépôt simple, tandis que la communauté bénéficie des intérêts qui se montent à 445,000 livres, sur lesquelles le gouvernement en reçoit annuellement 188,000. Le contrat passé entre la Banque et le gouvernement est d’une nature trop complexe pour qu’on puisse aisément l’approfondir ou même l’exposer ; en somme il revient à un arrangement par lequel le gouvernement emprunte une grande partie des quinze millions déposés, et autorise la Banque à employer le reste pour se couvrir des dépenses qu’exigent