Dans les deux dernières sections du chapitre viii (p. 67 et 70) nous avons vu qu’en analysant les motifs d’après lesquels les individus reçoivent, conservent ou versent en paiement la monnaie métallique, nous pouvions arriver à certaines lois de circulation qui étaient amplement confirmées par l’expérience. Nous avons fait entendre aussi que les mêmes lois pouvaient, mutatis mutandis, s’étendre à la circulation mixte de la monnaie métallique et du papier-monnaie. L’habitude a presque autant de pouvoir pour maintenir l’usage d’une monnaie représentative que pour de véritables monnaies métalliques. Les personnes qui ont été habituées pendant longtemps à donner en paiement, sans subir de perte, certaines feuilles de papier, continueront à les regarder comme une monnaie satisfaisante tant que leur confiance n’aura pas été ébranlée par un choc un peu rude. Cela peut aller au point qu’un bout de papier malpropre, portant l’engagement de payer un louis, sera réellement préféré à la belle pièce d’or qu’il promet. La circulation de l’Écosse est une preuve palpable de cette assertion ; et l’on en peut dire autant de la Norwége où, jusqu’en 1874, il n’y avait pas du tout d’or dans la circulation qui se composait principalement de billets d’un, de cinq et de dix dollars.
Il y a un point essentiel où la monnaie représentative diffère de la monnaie métallique : c’est que la première ne circule pas hors des limites du district ou de la contrée où elle a un cours légal et habituel. Sans doute les voyageurs emportent fréquemment à l’étranger des billets de la Banque d’Angleterre, et ces billets s’échangent presque partout sans difficulté contre la monnaie locale ; mais ils ne circulent jamais et sont considérés comme des billets sur Londres qui présentent un moyen commode de remise. Ils ne payent pas une dette contractée par l’Angleterre envers un autre pays ; ils la créent, puisqu’une banknote anglaise, dans les mains d’un banquier de Paris, représente une somme qu’il peut réclamer à la Banque d’Angleterre. La seule monnaie capable d’être réellement exportée pour payer une