contre une foule d’autres denrées dans des proportions presque invariables.
Il y a quelque intérêt à rechercher si la monnaie ne joue pas un quatrième rôle distinct, qui consiste à emmagasiner la valeur sous une forme convenable pour la transporter dans des endroits éloignés. La monnaie, employée comme moyen d’échange, circule de côté et d’autre sans s’écarter beaucoup d’un même endroit, et peut revenir bien souvent dans les mêmes mains. Elle subdivise et répartit la propriété ; elle facilite le jeu du mécanisme de l’échange. Mais parfois une personne a besoin de condenser sa propriété sous le moindre volume possible, de manière à pouvoir la déplacer tout entière en même temps ou à l’emporter avec elle dans un long voyage, ou à la transmettre à un ami qui habite un pays éloigné. Une chose qui représente une grande valeur sous un volume et un poids peu considérable, et dont la valeur sera reconnue dans toutes les parties du monde, devient alors nécessaire. La monnaie qui a cours dans un pays remplit peut-être ces conditions mieux que toute autre chose, bien que des diamants et d’autres pierres précieuses, ou quelques objets d’une beauté et d’une rareté exceptionnelles puissent servir aussi en pareil cas.
L’emploi d’objets précieux comme moyen d’emmagasiner et de transporter la valeur peut, dans certains cas, précéder leur usage comme monnaie. M. Gladstone constate que, dans les poèmes homériques, on voit souvent l’or accumulé sous forme de trésor ; il y est quelquefois employé à rémunérer les services, quoiqu’il ne fût pas encore devenu la commune mesure de la valeur, puisqu’alors c’étaient les bœufs qui servaient à ce dernier usage.
Si nous consultons l’histoire, l’or, cette substance généralement appréciée, semble avoir été employé en premier lieu comme une matière précieuse, propre à l’ornementation, secondement comme un moyen d’accumuler la richesse ; troisièmement comme moyen d’échange ; et enfin comme une mesure de valeur.