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des nations, d’Adam Smith (livre IV, chapitre III), et dans le « Treatise upon money » de Hewitt (p. 121). L’argent inscrit dans ces banques au crédit des particuliers s’appelait argent de banque, et donnait un agio ou prime correspondant à la dépréciation moyenne des monnaies. Les marchands effectuaient leurs paiements en se réunissant à la banque à certaines heures, et en faisant opérer des transferts sur les livres de banque. La monnaie versée en paiement avait toujours ainsi sa valeur pleine, et l’on évitait l’embarras de la compter et de l’évaluer. Cependant les règlements de ces banques présentaient à beaucoup d’égards des complications dont il est difficile de comprendre le motif.

inconvénients de la monnaie métallique.

Au motif précédent s’en rattache étroitement un autre qui n’a pas moins contribué à faire adopter l’usage d’une monnaie représentative : on voulait éviter les embarras et les risques auxquels on s’expose en maniant de grandes quantités de métaux précieux. Pour garder avec sécurité de grandes sommes de monnaie métallique, il faut avoir pour ainsi dire des places fortes pleines de gardiens. On n’a jamais fait de recherches suffisantes sur l’origine des banques en Angleterre ; mais, autant que nous la connaissons, elle est due au besoin de garder l’argent avec sûreté. Tandis que des Banques de dépôt, publiques et bien organisées, existaient en Italie depuis des siècles, la seule trace d’une semblable institution en Angleterre se trouvait à la Monnaie, dans la Tour de Londres, où les marchands avaient coutume d’envoyer leurs espèces pour les mettre sous bonne garde. Malheureusement, en 1640, le roi Charles Ier s’appropria, à titre d’emprunt, 200 000 livres sterling ainsi déposées. Les marchands cessèrent de se fier au gouvernement ; mais trouvant cependant qu’il était dangereux de garder de grandes sommes dans leurs maisons, pendant les années de troubles qui suivirent, ils prirent le parti de déposer leurs fonds chez des orfèvres, qui avaient probablement des gardiens et des caves appropriées à cette garde. Comme titre attestant la possession de ces sommes, l’or-