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tages ; dans les pays où cette pièce est l’unité de valeur, les commerçants savent sur quelle base appuyer leurs transactions. Or si toutes les nations principales s’entendaient pour émettre des monnaies de poids et de dimensions uniformes, ces monnaies composeraient bientôt la circulation des états où l’on n’en frappe pas, et une réforme heureuse s’opérerait ainsi dans les parties du monde les plus éloignées.

désavantages d’une monnaie internationale

Une monnaie commune, qui circule librement d’une nation à l’autre, peut certainement présenter quelques inconvénients. Un gouvernement, par exemple, peut frapper des pièces légèrement inférieures au titre fixé ; or cette monnaie, une fois émise, serait, en vertu de la loi de Graham, difficile à déloger. La fabrication de la monnaie en France n’est pas irréprochable sous ce rapport. Si l’on essaye avec soin la monnaie d’or française, on trouve qu’elle est au titre de 898 ou 899 millièmes, au lieu de compter 900 parties d’or pur. Il y a bien, sans doute, une tolérance de deux millièmes pour le monnayage ; de sorte que ces pièces sont légalement bonnes ; mais l’administration de la Monnaie a profité de cette tolérance d’une manière blâmable. Les pièces émises par une Monnaie quelconque doivent en moyenne avoir le titre légal avec une exactitude presque absolue, et la divergence autorisée sous le nom de tolérance ne doit servir qu’à couvrir les fautes accidentelles de main-d’œuvre qui se rencontrent dans quelques pièces ; on ne doit pas rester constamment et avec intention au-dessous du titre fixé.

On ne doit pas supposer qu’un État qui émet de la monnaie en vertu d’obligations internationales, soit disposé à faire de cette manière un bénéfice d’un ou deux sur mille. Pour assurer l’uniformité de la fabrication, les essayeurs et les employés ou administrateurs des différentes Monnaies devraient se réunir et s’entendre sur un procédé commun pour arriver au même titre, et pour obtenir des métaux uniformes. L’expérience ne montre pas qu’en matière de monnaies les nations doivent se défier les unes des autres. Nous ne regardons pas l’Espagne et le Mexique comme des modèles d’intégrité