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monnayage, on pourrait lui substituer quelques-uns de ses remarquables alliages. M. Graham, dernier directeur de la Monnaie, avait une série de pièces d’essai, d’un à dix cents, frappées avec ce qu’on appelle le bronze d’aluminium.

Je ne crains pas de dire qu’une des meilleures substances possibles pour la petite monnaie serait l’acier, pourvu qu’on pût le préserver de la rouille. Des monnaies d’acier seraient difficiles à frapper, mais une fois frappées on pourrait les tromper de manière à les rendre presque indestructibles. Le peu de prix de cette matière permettait de les produire en grandes quantités à peu de frais, tandis que les faux-monnayeurs ne trouveraient aucun profit à les imiter. On pourrait donc n’attacher aucune importance à la valeur métallique des pièces, auxquelles on donnerait les dimensions les plus commodes, c’est-à-dire à peu près celles du six pence et du shelling Sir John Herschel a émis l’idée, — dans sa « Géographie Physique, p. 289 », — que l’acier parait être préservé de la rouille quand il est allié à une petite quantité de nickel ; tel est du moins le cas pour le fer des aérolithes. Il est fort à souhaiter qu’un alliage de ce genre soit soumis à des expériences sérieuses. M. Roberts m’apprend que l’argent peut aussi s’allier avec le fer ou l’acier, et que l’on a proposé pour le monnayage des composés de cette nature. Un alliage d’argent, de cuivre, et de zinc a même été soumis à une expérience complète en Suisse, où il est employé pour des pièces de vingt, de dix et de cinq centimes. Ces monnaies sont de dimensions commodes ; mais leur couleur est un blanc jaunâtre d’un assez pauvre effet. Aucune autre contrée, que je sache, ne les a adoptées, et il semble qu’il soit tout-à-fait inutile d’y introduire de l’argent ; car il serait probablement facile de produire, sans recourir à ce métal, un alliage de même couleur.

Il est malheureux pour ce qu’on pourrait appeler la technologie monétaire, que l’étude de cette science soit presque nécessairement réservée au petit nombre de personnes auxquelles les gouvernements confient l’administration de leurs Monnaies. Nous ne pouvons donc nous attendre à ce que la production de la monnaie fasse les mêmes progrès