Page:Jetté - Vie de la vénérable mère d'Youville, 1900.djvu/391

Cette page a été validée par deux contributeurs.
349
madame d’youville

tagèrent avec les fils de M. Olier le service des pestiférés.

Un dévouement plus humble, mais non moins héroïque, devait bientôt suivre celui de ces courageux apôtres. Émue de compassion au récit des malheurs des pauvres émigrés, la révérende Mère Forbes-McMullen, supérieure de la communauté des Sœurs Grises, voulut aller les visiter. De retour chez elle et sous l’impression de l’affreux spectacle qu’elle avait eu sous les yeux, elle réunit ses filles pour leur en faire part. Un seul sentiment jaillit du fond de leurs cœurs, un seul cri s’échappa de leurs lèvres : se dévouer aux ambulances, aller soulager les membres souffrants de Notre-Seigneur !

La communauté, qui comptait trente-sept sœurs professes et dix-huit novices, en sacrifia vingt-trois ; les plus âgées et les infirmes restèrent seules à la maison pour soigner les vieillards et les enfants.

Quelle douce et bienfaisante présence pour les pauvres malades que celle de ces hospitalières improvisées, leur prodiguant les soins dont elles ont le secret !

Des lits et de la paille fraîche remplacent bientôt les planches sur lesquelles reposent ces infortunés, et une nourriture substantielle vient soutenir leurs forces épuisées.

Le gouvernement canadien donne du pain, du thé, de la viande : de pieuses personnes de la ville envoient mille douceurs ; les Sœurs de la Congréga-