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si, penché sur le berceau de cette enfant, ce père eût pu plonger un regard dans l’avenir, combien il eut été fier de sa fille et de ses grandes destinées ! Avec quelle ardeur il eut remercié Dieu d’avoir choisi dans sa famille celle qui devait illustrer son pays par de si grandes et de si belles choses !

C’est le 15 octobre que naquit l’enfant dont nous allons écrire l’histoire. Son père, Christophe Dufrost de La Jemmerais[1], gentilhomme breton, originaire de Médréac, dans le diocèse de Saint-Malo, habitait le Canada depuis 1687. Il s’était distingué par sa bravoure dans les guerres contre les Iroquois et avait rapidement conquis l’estime et la confiance de ses chefs. La marquise de Vaudreuil en témoigne éloquemment, dans une lettre conservée aux Archives de la Marine, à Paris, en disant : « M. de La Jemmerais a parfaitement bien servi dans la guerre des Iroquois et a couru risque, nombre de fois, d’être pris et brûlé vif par ces barbares. Cette bravoure lui valut la confiance de ses chefs et le commandement de postes importants. »

Le manoir de La Jemmerais, où était né M. Christophe Dufrost, situe dans la paroisse de Médréac (Isle-et-Vilaine), non loin de la rivière la Rance,

  1. Les ancêtres de Mme d’Youville écrivaient : La Gesmerais, de la terre seigneuriale qu’ils possédaient en Bretagne  ; nous écrirons cependant, comme M. Faillon, La Jemmerais, nous guidant, comme lui, sur la signature de Mme d’Youville. Celle-ci, malgré les différentes manières d’écrire son nom, a toujours signé ainsi.