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deux à des colliers et nous pûmes la traîner jusqu’à l’autre bout de l’île. C’est ce qu’on appelle ici ’faux portage ’…

« Le 13 août, le beau lac Athabaska présentait à nos regards étonnés sa vaste superficie, parsemée çà et là de nombreux îlots. Nous avions l’espoir d’arriver bientôt à la mission de La Nativité, la plus ancienne du Nord. Poussés par un vent favorable, nous y arrivâmes de bonne heure, au bruit répété des décharges de mousqueterie. »

« Depuis notre arrivée, » dit encore Sœur Lapointe, « non seulement nous n’avons pas regretté d’être venues, mais nous avons toujours été heureuses ; cela ne veut pas dire que nous avons tout à souhait ; au contraire, les sacrifices y sont nombreux, mais n’est-ce pas ce que nous sommes venues chercher ?… Depuis notre arrivée, nous n’avons pas goûté au pain ; le peu de farine que l’on peut transporter se réduit à rien ; nous en avons quatre quintaux par année à diviser entre quatorze personnes, c’est vous dire qu’il faut la réserver pour les grandes fêtes et pour les malades… Ce qui nous afflige bien plus que toutes nos privations, c’est notre peu de ressources pour réaliser tout le bien que nous pourrions faire… Je vous citerai quelques traits qui vous feront connaître un peu les misères à soulager.

« C’était un usage général parmi les sauvages de tuer et même de manger les petits enfants orphe-