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madame d’youville

la préférence de son cœur sensible et charitable. Son esprit était droit et sincère, son intelligence, comme nous l’avons dit, très cultivée, et avec cela elle avait la simplicité d’une enfant et la délicatesse d’une âme élevée.

Après deux années du noviciat le plus fervent et le plus exemplaire, elle fit profession, le 16 juillet 1842, dans cet Institut dont elle devait être une des colonnes. Elle fut envoyée, presque au sortir du noviciat, à Châteauguay, pour aider, dans sa charge de dépositaire, Mère Deschamps, qui résidait au manoir.

N’est-ce pas par des vues toutes providentielles que ces deux futures supérieures, qui devaient, chacune selon son caractère et son tempérament, laisser une si forte empreinte dans la communauté, se sont rencontrées ainsi dans une demi-solitude, en présence de cette belle nature qui leur rappelait les bontés et les munificences du Créateur ? Aussi ces deux âmes, pourtant si différentes, se comprirent, parce que toutes deux marchaient vers le même but : servir Dieu et les pauvres dans cet Institut de leur choix. Chaque arbre du domaine, chaque pierre de la route leur parlait des travaux et des fatigues de la Vénérable Mère d’Youville, et elles s’encourageaient et s’animaient à marcher sur ses traces et sur celles des premières mères de la communauté. La sœur Slocombe se dévouait aux pauvres du village de Châteauguay ; son zèle trouvait le moyen de s’exercer même auprès de ces bûcherons conduisant des trains de bois