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madame d’youville

même chose et à la même heure, toujours se lever à la même heure, toujours se récréer à la même heure, toujours garder le silence à la même heure, toujours manger à la même heure, toujours se coucher à la même heure. Voilà les croix journalières ; il y en a d’autres plus grandes. Les croix sont de petites bagatelles, auxquelles le bon Dieu, dans sa miséricorde, permet que nous soyons sensibles, afin que nous ayons quelques sacrifices à lui faire. Elles sont l’apanage du chrétien : en suivant un Dieu crucifié, nous devons porter la croix à sa suite et y mourir si c’est sa sainte volonté. Oh ! ma chère enfant, le monde qui trouve si dur et si impraticable le sacrifice de notre volonté à celle de notre aimable et divin Jésus, ce misérable monde voit bien les peines, les croix et les épines de l’état religieux ; mais il n’en voit pas les joies, les consolations, les grâces et les douceurs : c’est un secret qui lui est caché… c’est dans la retraite, c’est dans le silence que l’on goûte la vraie paix, le vrai bonheur. C’est là qu’on entend la voix du divin Maître qui nous dit : Goûtez et voyez combien mon joug est doux et mon fardeau léger… »

Quelques mois plus tard, elle écrivait à cette même personne : « Vous voilà bientôt rendue au terme que je vous ai fixé. Je suppose que vous avez fait bien des réflexions sur ce que je vous ai dit. Faites-en encore, souvenez-vous tous les jours que la vie de communauté est une mort continuelle à soi-même,