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madame d’youville

rences qu’elle voulait avoir ne connurent plus de bornes. La Mère Despins, ne pouvant tolérer cet état de choses si contraire à l’esprit religieux, se contenta de lui faire des observations et des remontrances, et sa grande charité alla même jusqu’à laisser ignorer à M. Dufrost la conduite de sa protégée. Mais la communauté, s’étant aperçue que cette religieuse si peu digne de l’être exposait à M. Dufrost ses prétendus griefs avec beaucoup d’exagération et d’amertume et donnait à la supérieure des torts qu’elle n’avait pas, résolut de mettre fin à sa conduite en l’expulsant de l’Institut. Malgré l’indulgence et la douceur de la supérieure, toute disposée à souffrir des défauts de ce sujet rebelle plutôt que de recourir aux grands moyens, le conseil des administratrices prononça la sentence et le supérieur du Séminaire vint la lui signifier. À l’exemple de la pauvre insubordonnée qui avait autrefois tenu la même conduite vis-à-vis de la fondatrice, cette sœur fut heureuse de venir plus tard demander un asile chez les Sœurs Grises, où elle mourut, elle aussi, parmi les pauvres de la maison, à l’âge de quatre-vingts ans.

C’est ainsi que les premières mères maintinrent la communauté dans sa primitive ferveur et surtout dans cet esprit d’union et de charité tant recommandé par la Vénérable Mère d’Youville. En imposant avec fermeté l’observance de la règle et en ne permettant pas à celles qui voulaient garder leur volonté propre de demeurer dans l’Institut, où elles