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madame d’youville

forces. « Je ne vous félicite pas, » lui disait-il, « de ce que vous succédez à Mme d’Youville ; il n’est pas gracieux de remplacer une institutrice dont le mérite était si fort au-dessus du commun… Je ne puis rien vous souhaiter de mieux que la grâce de faire usage de ses saints avis… » Mais la Mère Despins comprenait la tâche difficile qui venait de lui échoir ; il y avait à peine quelques jours qu’elle s’écriait : « Non, il n’y aura jamais plus de madame d’Youville pour nous ! » Elle était donc bien convaincue qu’elle pourrait difficilement remplacer cette mère si vertueuse et si aimée, et ce fut avec la plus grande crainte qu’elle accepta la charge de supérieure.

Douce, compatissante et remplie de charité, elle fut assez heureuse pour faire régner la paix et le contentement autour d’elle. Partageant avec saint François de Sales la conviction qu’il vaut mieux pécher par excès de douceur que de sévérité, elle disait à ceux qui lui reprochaient d’être trop indulgente qu’elle préférait souffrir en purgatoire pour cette faute que pour l’excès contraire.

Afin de se réserver plus de temps pour les instructions et les avis spirituels qu’elle donnait à ses sœurs, elle se déchargea du soin matériel de la maison sur la Sœur Coutlée et se consacra presque entièrement à la culture de la vie intérieure chez ses filles et au maintien de la ferveur que la Vénérable fondatrice s’était efforcée d’implanter dans leurs âmes.