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pauvres n’en avaient pas dans leurs salles. « Il ne faut pas que les sœurs aient plus de confort que les pauvres, » disait-elle.

Elle buvait après les pauvres sans témoigner la moindre répugnance et choisissait à la table tout ce qu’il y avait de moins bon. Sa mortification était telle que jamais elle ne s’est permis la moindre remarque sur les mets qui lui étaient servis, et si elle entendait quelque plainte au sujet de la nourriture, elle se hâtait de reprendre celle qui l’avait exprimée : « Vous n’êtes pas mortifiée, » disait-elle, « vous ne sauriez trop vous exercer à tous les genres de privations. »

Mme d’Youville avait appris à l’école des saints que pour dominer son âme il faut savoir soumettre son corps ; pour arriver à ce but, elle a introduit dans sa communauté certaines mortifications corporelles qu’elle a toujours pratiquées et que pratiquent encore les sœurs.

« Son amour pour la mortification la portait à n’accorder à son corps que le repos nécessaire ; sa nourriture était grossière. Trois fois par semaine, on servait de l’orge à déjeuner : les autres jours, du pain et de l’eau, ce qui dura jusqu’à l’incendie ; elles prirent alors de l’orge, à cause du travail des sœurs. Elle sut toujours concilier parfaitement les avantages civils qui lui avaient été accordés avec les règles les plus strictes de la pauvreté évangélique, ne cessant d’entretenir parmi ses filles un