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madame d’youville

continua de veiller à tous les intérêts spirituels et temporels de la communauté avec un dévouement incomparable, tant que l’âge et les infirmités ne le privèrent pas de ce bonheur. Après que la mort l’eut enlevé à l’affection filiale de la fondatrice et de ses filles, elles ne se contentèrent pas de témoigner leurs regrets par des larmes, elles voulurent l’exprimer par un témoignage public rendu à son dévouement et à ses vertus : elles lui firent chanter, dans leur église, le service le plus grandiose qui eût été célébré jusque-là dans le pays.[1]

M. Normant avait pour patron saint Louis ; Mme d’Youville obtint la bénédiction du Très-Saint-Sacrement, pour sa communauté, pour le jour de la fête de saint Louis, et les Sœurs Grises, qui tiennent tant à conserver tous les usages établis par leur mère, ont continué comme elle à fêter leur fondateur. Pour mieux perpétuer sa mémoire dans l’Institut, l’une des sœurs s’est toujours appelée depuis « Sœur Normant », tandis qu’une autre a l’honneur de porter le nom de la fondatrice et s’appelle « Sœur Youville ».

  1. L’église entière disparaissait, à l’intérieur, sous les draperies de deuil ; sur ce fond noir se détachaient les armoiries du défunt et d’innombrables lumières qui, par leur disposition, formaient différentes inscriptions : ces lettres de feu exprimaient les lamentations des pauvres ayant perdu leur père et leur bienfaiteur. « Le souvenir que ce service laissa dans les esprits, » dit M. Faillon, « fut si profond et si durable qu’aujourd’hui, quoique depuis il se soit écoulé près d’un demi-siècle, il persévère encore dans la communauté. »