Page:Jetté - Vie de la vénérable mère d'Youville, 1900.djvu/209

Cette page a été validée par deux contributeurs.
173
madame d’youville

objet de tant de sollicitudes, devenir aussi la proie des flammes, elle trouva dans sa foi l’énergie de glorifier Dieu par une sublime action de grâces !

Toute pénétrée de cette foi ardente, Mme d’Youville mettait sa force et sa consolation dans l’oraison ; elle conversait habituellement avec Dieu, et son travail ne la distrayait jamais assez pour interrompre l’union de son âme avec Lui. Elle voyait le reflet divin sur toutes choses et surtout dans les créatures, qu’elle aimait en Dieu et pour Dieu. On raconte que pendant qu’elle surveillait les travaux de la maison qu’elle fit bâtir à la Pointe Saint-Charles, elle se retirait dans un petit réduit solitaire, et là, seule avec Dieu, elle s’abîmait dans la contemplation, s’inspirant des lumières qui lui étaient données et prolongeant sa prière aussi longtemps qu’il lui était possible de le faire. Ce réduit, respecté par les flammes lorsque le feu détruisit cette maison, a été l’objet de la vénération des premières mères qui aimaient à y venir prier et méditer à leur tour, afin d’obtenir l’esprit d’oraison de leur sainte fondatrice.

Dans toutes ses exhortations, Mme d’Youville s’efforçait d’inculquer à ses filles le goût et l’amour de l’oraison. « Elle voulut, dit un de ses biographes, que ses filles fussent toutes des filles d’oraison, qu’elles se rendissent familiers les exercices de la vie intérieure et vécussent de la vie de la foi. » « Nous nous plaisions, disaient plusieurs des sœurs qui