Page:Jetté - Vie de la vénérable mère d'Youville, 1900.djvu/176

Cette page a été validée par deux contributeurs.
140
vie de

traordinaire. C’était en 1766 ; elle était alors de retour dans sa maison. Un jour, ayant dans sa poche une pièce de monnaie, une piastre, qu’elle ne voulait pas garder, elle dit à deux de ses sœurs, qui se trouvaient dans sa chambre : « J’ai ici une piastre dont je veux me débarrasser ; je n’aime pas porter ainsi de l’argent sur moi. » En même temps, elle mettait la main dans sa poche pour en sortir cet argent, lorsqu’à sa grande stupéfaction elle en retira une poignée de piastres et les jeta sur une table, puis, sans s’en rendre compte, mettant l’autre main dans sa seconde poche, elle la retirait aussi remplie de pièces d’argent. Ses deux compagnes étaient restées muettes de stupeur et d’admiration, pendant que la sainte fondatrice, saisie elle-même d’un sentiment de crainte et de reconnaissance à la vue d’un témoignage si éclatant et si extraordinaire de la bonté divine, s’écriait en joignant les mains : « Ah ! mon Dieu, je suis une misérable ! »

Souvent ces protections miraculeuses se sont renouvelées pendant la vie de Mme d’Youville et, après sa mort, en faveur de ses filles. Tantôt c’est encore de l’argent que la fondatrice trouvait dans un moment où elle n’avait que quelques sous sur elle et où il lui fallait payer une des nourrices des enfants trouvés, qui venait réclamer son salaire. D’autres fois, ce sont des barils de farine que les