Page:Jetté - Vie de la vénérable mère d'Youville, 1900.djvu/167

Cette page a été validée par deux contributeurs.
133
madame d’youville

Le feu avait, en deux heures, dévoré au delà de cent maisons et dévasté la ville. Il s’était d’abord déclaré loin de chez les Sœurs Grises ; mais bientôt un vent violent, transportant des étincelles sur le toit en bois de l’église de l’Hôpital, y alluma l’incendie, et il fallut songer à sauver les vieillards et les infirmes. Plusieurs furent transportés dans l’ancienne brasserie des frères, et ceux qui ne purent s’y loger furent envoyés à l’Hôtel-Dieu, où ils furent reçus avec la plus grande charité par les Hospitalières, toujours prêtes à ouvrir leurs portes à celles de leurs communautés sœurs qui se trouvaient dans le besoin ou l’embarras.[1]

Mme d’Youville écrivait à M. Cousturier, quelque temps après ce désastre : « Cet incendie nous réduit à une grande pauvreté. Dieu a ses desseins ; je les adore et me soumet à sa volonté. C’est ce que nous avons tâché de faire de notre mieux. »[2] En effet, ces épreuves successives, loin de la décourager, ne faisaient qu’accroître sa résignation à la volonté divine.

  1. Sans sortir de notre cadre, ne nous sera-t-il pas permis de constater ici que la tradition de cette parfaite hospitalité est restée vivace dans la famille religieuse de Marie de la Ferre ? Après le terrible incendie qui détruisit le magnifique couvent des religieuses de la Congrégation, il y a à peine quelques années, les religieuses de l’Hôtel-Dieu et les filles de Mme d’Youville ne furent pas les dernières à offrir un asile et les témoignages de la plus vive sympathie à ces religieuses éprouvées. Les Hospitalières en logèrent même un certain nombre chez elles pendant plusieurs semaines.
  2. Lettre du 19 septembre 1765.