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madame d’youville

différents ouvrages qu’il lui commandait et pour la pension des prisonniers de guerre. Les frais encourus pour l’entretien de ces prisonniers étaient considérables, une année même la dépense s’éleva à la somme de dix-huit mille francs. Cependant on était loin de remplir les engagements dont on était convenu avec elle ; la valeur des produits avait grandement augmenté à cause de la guerre et l’intendant Bigot, qui devait lui payer la ration de chaque soldat, en réduisit le prix à la valeur de la viande seulement. « Aussi, » écrivait elle, « l’Hôpital a perdu le pain, les pois, les menus vivres, les rafraîchissements et les frais de domestiques. »[1] « Bien plus, » dit M. Faillon, « depuis 1757 jusqu’en 1760 où la guerre fut terminée, M. Bigot la payant toujours en papiers qui ne devaient être convertis en numéraire qu’après bien des années et avec une perte énorme, pendant tout ce temps Mme d’Youville se vit obligée, afin de ne pas laisser périr les prisonniers, de faire des emprunts pour acheter à grand prix les vivres et autres choses indispensables à leur entretien et même de supporter longtemps l’intérêt de ces emprunts. Ils durent être considérables, puisqu’à la cessation de la guerre le gouvernement français lui devait plus de cent mille francs, dont la plus grande partie avait été employée à l’entretien de ces prisonniers. »[2]

  1. Lettre à l’abbé de l’Isle-Dieu, 18 septembre 1765.
  2. Vie de Madame d’Youville, p. 144.