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madame d’youville

l’homme et qui préparent le chrétien. Elles leur diront tout ce qu’ils peuvent attendre et pour cette vie et pour l’éternité, s’ils restent fidèles au devoir.

Dieu avait réservé à Mme d’Youville la joie et la gloire d’enfanter toutes ces âmes à la grâce et d’en enrichir l’Église. Après leur avoir conservé l’existence, elle leur assurait l’éternité par la grâce du baptême. Trente-un mille âmes ! Quelle moisson pour le ciel !

L’Hôpital Général, qui abritait tant de différentes misères, ne suffisait plus ; il aurait fallu l’agrandir. Mme d’Youville, à cause de ce manque d’espace et à cause des maladies contagieuses si communes à l’enfance, fut obligée de placer en dehors de chez elle les enfants trouvés. Elle les confia à des femmes, la plupart demeurant à la campagne, qui les soignaient jusqu’à l’âge de dix-huit mois, moyennant une pension de trente piastres par année.

L’enfant revenait alors à la maison, où les religieuses le gardaient jusqu’à sa première communion, quelquefois jusqu’à l’âge de dix-huit ans ; puis elles le plaçaient dans des familles respectables, qui pouvaient réclamer ses services.

Les Sœurs Grises ont continué cette pratique, commencée par la fondatrice ; elles ont reçu tous les enfants trouvés, même après l’établissement de l’œuvre des Sœurs de la Miséricorde.

Cependant la population de Montréal augmentait dans des proportions extraordinaires, et le nombre des enfants abandonnés était de plus en plus consi-