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l’Hôpital ! Elle écouta avec le plus grand calme l’ordre injuste qui lui enjoignait de remettre sa maison aux religieuses de Québec. « Elle reçut cet ordre, » dit M. Faillon, « avec le même esprit de résignation qu’elle avait fait paraître dans les différentes épreuves par lesquelles Dieu l’avait fait passer. »

En dépit de l’ordonnance, Mme d’Youville ne perdit pas l’espoir de rester à l’Hôpital Général. Confiante dans la promesse que les chefs de la maison lui avaient précédemment faite de lui en assurer la direction perpétuelle et se rappelant leurs conditions, elle écrivit à l’évêque, lui renouvelant l’offre de payer toutes les dettes contractées par les Hospitaliers ; elle n’obtint aucune réponse.

Cependant les citoyens de Ville-Marie étaient complètement revenus de leurs préventions contre la sainte femme qu’ils avaient maintenant appris à connaître ; ils avaient vu le fruit de son travail et de son dévouement et les merveilles accomplies par sa charité et son abnégation ; ils s’émurent plus qu’elle à la nouvelle que leur hôpital allait passer en des mains étrangères et décidèrent d’employer tous les moyens possibles pour la maintenir dans ses droits. À cette fin, ils signèrent en grand nombre une nouvelle requête, rédigée encore par M. Normant et que Mme d’Youville voulut aller présenter elle-même à l’évêque, au gouverneur et à l’intendant. L’accueil de l’évêque et de l’intendant fut froid, même glacial ;